LE MONDE EN CRISES – LA RESPONSABILITE DU NEOLIBERALISME –
LES ATTEINTES A LA DEMOCRATIE
Il est indéniable que bien des pays du « Monde occidental » traversent une crise importante. Mais on ne peut la réduire à une crise économique et financière, due à un défaut de croissance de leur PIB et un endettement excessif des Etats, en ignorant la crise sociale qui sévit déjà, et aggraver celle-ci en tentant de la régler.
On ne saurait, d'ailleurs, déduire de leurs richesses minières ou leur forte croissance, que les pays du Golfe ou le quatuor du BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) soient mieux lotis. Et n'oublions pas le Tiers Monde où s'accumulent, depuis des siècles et sans le début d'une solution, toutes les misères, à un degré inhumain.
Globalement, le Monde est en crises. Il va mal, très mal. Sauf que quelques groupes privés et classes d'individus y prospèrent et que les principes du libéralisme économique qu'ils servent et dont ils profitent, loin de donner les résultats annoncés (voir la confession d'erreur de prévisions du FMI), précipitent la majorité dans de plus grandes difficultés et la planète vers un sombre devenir.
En ce domaine un rôle catastrophique a été joué par des économistes comme Milton Friedman, ceux de l'Ecole de Chicago ou leur coterie semi-secrète néolibérale : la Société du Mont-Pélerin, dans les politiques des Etats, des organismes internationaux comme le FMI et la Banque Mondiale et la formation des économistes.
Mais pour ilustrer la réalité vécue aujourd'hui en Europe, dans un pays dont on enviait encore récemment le dynamisme, voici une description de la situation espagnole.
LA CRISE EN ESPAGNE - CHOMAGE ET RIGUEUR SOCIALE LE LIBERALISME ANTIDEMOCRATIQUE DU GOUVERNEMENT RAJOY
tiré des « Chroniques de Madrid » que nous adresse périodiquement José LOPEZ GUERRA
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L'Espagne est frappée par un chômage catastrophique.
Atteignant déjà 20% des actifs à la fin de 2011, son taux ne cesse de croître et dépasse aujourd'hui 26% (5.800.000 chômeurs). La jeunesse est la plus touchée : 57% des moins de 25 ans.
N.B. Cette situation est analogue à celle de la Grèce (données Oct.2012)
Dans plus de 1.700.000 foyers tous les membres sont sans emploi !
Le Gouvernement du Parti Populaire, fort de sa large majorité à l´Assemblée, au Sénat et dans 14 des 17 Régions Autonomes, conduit des réformes visant à satisfaire les marchés et les directives européennes, selon la méthode néolibérale la plus brutale dont les arrière-pensées antidémocratiques sont évidentes.
La réduction de la dette justifie le démantèlement progressif des Services Publics et la réduction des prestations sociales. L'augmentation de la compétitivité économique autorise la « flexibilisation» du Marché du Travail » et la remise en cause des acquis sociaux.
Exemple de mesures décrétées depuis un an qui précarisent la situation des salariés et fonctionnaires :
- augmentation de l´impôt sur les revenus du travail et la consommation (TVA),
- gel des retraites et des salaires des fonctionnaires (le gouvernement précédent du PSOE les avait abaissés de 5% fin 2010),
- licenciement avec indemnités réduites sur simple décision de l´employeur pour cause de « réorganisation des fonctions » ou cumul de 8 jours d´arrêt de travail sur 2 mois consécutifs,
- abaissement du salaire, par décision unilatérale de l´employeur en cas de prévision d´une diminution du chiffre d´affaires. Le refus de l´employé entraîne la possibilité d´un licenciement.
- possibilité d´employer du personnel sous contrat d´apprentissage jusqu´à l´âge de 30 ans ! Ces contrats ont une durée de 12 mois, et ne sont renouvelables que sur décision patronale. En cas de non renouvellement, aucune indemnité n'est octroyée.
- instauration d´un ticket modérateur pour les médicaments (50% pour les revenus annuels supérieurs à 22000 € bruts) et sur les actes chirurgicaux.
Rappelons que le SMIC en Espagne n'est que de 748 € par mois.
L'Enseignement fait l'objet de mesures de rigueur particulières :
- augmentation du nombre d´élèves par classe de 25 à 30 dans le primaire et de 30 à 36 dans le secondaire,
- non renouvellement des contrats des enseignants intérimaires et incrémentation des services du corps enseignant du primaire à l´université,
- durcissement des conditions d'accès aux bourses,
- forte augmentation des droits d'inscription universitaire (500€ en moyenne), avec quasi-doublement pour les redoublants (environ deux tiers des étudiants).
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/69997.htm ( source Min. français des Aff. Etr.)
Parallèlement, les détenteurs de fonds (estimés à 25 milliards d´Euros) non déclarés au fisc (dinero negro) et souvent placés dans des paradis fiscaux, peuvent les rapatrier sans autre pénalisation qu'une taxe de 10%, bien inférieure à l'impôt sur le revenu correspondant ou à celui sur les bénéfices des entreprises (33%).
Quant à l'Eglise catholique, premier propriétaire immobilier d'Espagne et bénéficiaire d'un Concordat, elle est exonérée d'impôt sur son patrimoine ainsi que de la TVA. En outre, chaque contribuable se voit imposé de 0,7% supplémentaire dont l'essentiel lui est réservé.
La loi permet au gouvernement de prendre des décisions et de promulguer des décrets avant approbation par le Parlement.
Le Gouvernement Rajoy avait annoncé deux projets de loi, particulièrement antidémocratiques :
Le premier envisageait de transformer en attentat contre l´autorité la simple résistance passive (cas des manifestants qui restent assis sur la chaussée après avoir été sommés de circuler par la force publique).
Le deuxième projet prévoyait la poursuite pour actes terroristes des sujets ou organisations convoquant à des manifestations sur la voie publique qui auraient mal tourné (bris de vitrines, incendie de véhicules, etc…).
Ils ont été retirés devant l'opposition populaire, notamment les manifestations des " indignados".
Mais des atteintes au droit de manifester, reconnu par la Constitution, sont portées insidieusement en infligeant d'importantes amendes (300 à 600 €) aux personnes identifiées lors de tout type de protestations : ausi bien pour le maintien d'une permanence médicale ou une adduction d'eau, que pour la marche autour du Congrès, le 25/09/12, où 300 manifestants sur 3000 ont été verbalisés !
Le "Parti Populaire" compte bon nombre de nostalgiques du franquisme, à côté de farouches néolibéraux :
la maire PP de Valence se refusant a déchoir le "Caudillo" du titre de maire honoraire qui lui avait été attribué en mai 1939, un tribunal a dû intervenir, à la demande de la coalition progressiste Compromís pour mettre fin à cet honorariat.
On voit où mène la prétendue « démocratie libérale » quant elle a le champ libre : augmentation des inégalités au détriment du peuple, réduction des libertés.
Non ce n'est pas une démocratie ! |