DANS SON USAGE COURANT LE MOT DEMOCRATIE EST APPLIQUE A UNE IDEE ET A UNE "CHOSE".

La démocratie-idée est, en général, un idéal non atteint, une norme pour la "chose". La chose est un système politique existant ou ayant existé, dont on pense que les caractéristiques dominantes s'inspirent de l'idée. Le problème est que l'idée ne fait plus l'objet d'études ni discussions approfondies et que l'on se réfère, surtout, à la "chose" très imparfaite qu'on en a faite, pour la représenter (voir page CITATIONS).

 

La définir à partir des régimes politiques dits démocratiques ne peut qu'entretenir la confusion et minimiser sa signification et sa portée. Les "démocraties" antiques (athénienne, romaine), anciennes (vénitienne, genevoise), les "démocraties occidentales" et les "démocraties populaires" sont des "choses" bien différentes. Répertorier leurs éléments communs se réduirait à peu, à part la reconnaissance du droit de vote encore que la liberté ou l'étendue de son exercice ferait problème.

 

Le constat des oppositions ou divergences entre ces régimes, notamment dans leurs effets sur la condition de leurs ressortissants, malgré des structures parfois voisines, amène à ce que le sens commun sélectionne comme modèle référent, celui des "démocraties occidentales" et avec elles le seul mode indirect, représentatif ou parlementaire. Le modèle historique d'origine, la démocratie directe grecque, est rejeté, au nom de la modernité et de l'impossibilité qu'il y aurait à l'étendre à grande échelle.

RECHERCHER L' IDEE QUE CONTIENT LE MOT

En traversant vingt-cinq siècles de l'histoire des nations et baignant dans des cultures si diverses, le mot démocratie s'est chargé de significations multiples précisées souvent par des qualificatifs spécifiques. Mais le mot, adopté par toutes les langues, a traversé, intact, l'Histoire de toutes les nations. Comment, donc, ne pas supposer, avec l'écolier de Faust, qu'il en contienne toujours l'idée et ne pas tenter de la refaire briller comme une gemme extraite de sa gangue.

La première idée sur la démocratie est à tirer de la construction du terme grec demokratia à partir de demos et kratos : la démocratie associe peuple et pouvoir . Deux mots existaient, avec leurs sens propres déjà établis ; un troisième a été formé par un acte réfléchi. On avait besoin d'exprimer une idée nouvelle, concrétisée par un fait historique.

Au VIII ème siècle av. J.-C., la société athénienne était gouvernée par une oligarchie ; l'aristocratie y dominait un peuple miséreux, opprimé jusqu'à lesclavage, et mécontent. Dracon, malgré ses mesures... draconniennes, ne régla rien. Solon (début du VIème siècle av. J.-C.) introduisit une première législation donnant des pouvoirs au peuple et l'étendant à de nouveaux citoyens. Mais, suite à de nouveaux troubles, une période de tyrannie (Pisistrate et ses fils) interrompit le processus. Après l'assassinat du dernier tyran, à la fin du VIème, le trop méconnu Clisthène dota la cité athénienne des véritables lois de la démocratie (gouvernement de la cité par le peuple, liberté des citoyens, égalité devant la loi), régime qui connut son apogée au siècle de Périclès (Vème siècle av. J.-C.).

Très clairement l'etymologie et l'Histoire démontrent que le mot demokratia a été créé pour désigner le fait que le peuple, exerçait le pouvoir de gouverner. Il était bien question du gouvernement de la société par l'ensemble des citoyens et non plus par une seule personne dominatrice (le tyran) ni une classe sociale, limitée en nombre et supposée éclairée (l'aristocratie). Alors pourquoi n'en serait-il pas de même pour le mot démocratie, encore aujourd'hui ? Penserait-on qu'à défaut de tyran et de noblesse d'épée, il n'existe pas d'oligarchie ou d'aristocratie de l'argent, ni de la politique, et qu'il n'est plus besoin d'un mot et d'une idée, un concept fort, pour caractériser un régime ou le peuple exercerait le pouvoir de gouverner ?

LE FONDEMENT, LE SENS PREMIER ET PRINCIPAL DE L'IDEE DE DEMOCRATIE EST SIMPLE ET CLAIR !

Tout le problème vient de ce que la "classe" politique, l'élite intellectuelle médiatisée, ceux qui ont le pouvoir et, qui plus est, "font" l'opinion, ne veulent pas le laisser au peuple. Ils ne veulent pas que le peuple gouverne ou ne le croient pas capable de gouverner. Eh bien, soyons clairs : ils ne veulent pas ou ne croient pas à la démocratie !

L'idée de démocratie est abandonnée et rien n'est fait pour démocratiser la "chose" à laquelle on fait porter le nom.

Qui se soucie aujourd'hui de la définition du Dictionnaire de l'Académie française ( 8 ème Edition, 1932-5) :

DÉMOCRATIE. n. f. Forme de gouvernement où le peuple exerce la souveraineté. La république d'Athènes était une démocratie.

Il n'y a pas de doute, le nom a été volé ! et son contenu, l'idée a été violée !

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ICI ( voir les rubriques des THEMES), NOUS ALLONS NOUS CONSACRER A L'APPROFONDIR :

 

- Voir l'importance et la signification de ce qui unit demo et kratia,
- En déduire comment un régime peut être caractétisé par un degré de démocratie plus ou moins grand,
- Quel peuple est à considérer, les gens ou un Peuple globalisé et institutionnel,
- Quels pouvoirs sont à prendre en compte, ceux de tout type qui jouent sur la vie des gens et la conduite de la société ou certains pouvoirs bien déterminés, voire seulement des droits,

 

NOUS ALLONS AUSSI EXAMINER :

 

- Quelles sont les propriétés et caractéristiques de la démocratie,
- En quoi les idéaux de liberté et d'égalité se trouvent-ils atteints ou non dans une société démocratique ?
- Si compétence, organisation sociale efficace et démocratie sont compatibles,
- En quoi les différents régimes politiques ou idéologies la réalisent mal,
- Comment on pourrait démocratiser les "démocraties".